A partir du 1er janvier 2020, la réglementation entourant le contrôle Urssaf fait l’objet d’aménagements visant notamment le droit à l’erreur. Que faut-il savoir à ce sujet ?
Contrôle Urssaf : le droit à l’erreur
Par principe, désormais, aucune majoration de retard ou pénalité ne doit pouvoir être mise à la charge du cotisant à raison d’une erreur commise de bonne foi pour la 1ère fois, que ce soit à propos de la réglementation sociale applicable à sa situation ou d’une erreur matérielle commise dans une déclaration, dès lors que cette erreur a été régularisée, soit de sa propre initiative, soit après avoir été invité à le faire par l’administration.
Ce droit à l’erreur s’applique, pour les employeurs et les travailleurs indépendants, à compter du 1er janvier 2020 :
- en cas de retard, d’omission ou d’inexactitude dans les déclarations sociales ou le paiement tardif des cotisations ;
- en cas de redressement opéré par l’Urssaf, à la condition que le montant redressé soit de faible montant et qu’aucune infraction grave n’ait été constatée.
Attention : ce droit à l’erreur ne s’appliquera pas :
- en cas d’omission de salarié dans une déclaration ;
- en cas d’inexactitudes répétées du montant des rémunérations déclarées ;
- en cas de défaut de production des déclarations aux échéances prescrites, et notamment de la déclaration sociale nominative ;
- en cas de déclaration régularisatrice postérieure à une taxation provisionnelle ;
- en cas de non-respect de l’obligation de dématérialisation des déclarations sociales et de paiement des cotisations.
S’agissant du droit à l’erreur en matière de déclaration, il suppose que :
- l’erreur soit corrigée lors de l’échéance déclarative la plus proche et donne lieu au versement, à la même échéance, du complément de cotisation correspondant ;
- l’une des conditions suivantes soit remplie :
- ○ la déclaration rectifiée et le versement régularisateur sont adressés au plus tard lors de la 1ère échéance suivant celle de la déclaration ou du versement initial ;
- ○ ou le montant des majorations et pénalités qui seraient applicables est inférieur au plafond mensuel de la Sécurité Sociale ;
- ○ ou le versement libérateur est inférieur à 5 % du montant total des cotisations initiales.
S’agissant du droit à l’erreur en matière de paiement des cotisations sociales, il suppose que :
- vous respectiez vos obligations déclaratives ;
- vous vous acquittiez de vos cotisations dans une délai de 30 jours ;
- aucun retard dans le paiement de vos cotisations n’a été constaté au cours des 24 derniers mois ;
- le montant des majorations qui serait applicable soit inférieur au plafond mensuel de la Sécurité Sociale.
A compter du 1er avril 2020, ce droit à l’erreur s’appliquera également à la majoration de retard de 5 % (mais pas à la majoration complémentaire de 0,2 %) en cas de mise à votre charge de cotisations et contributions sociales à l’issue d’un contrôle Urssaf, sauf en cas d’abus de droit, d’absence de mise en conformité avec des observations notifiées lors d’un précédent contrôle, de travail dissimulé ou d’obstacle à contrôle.
De même, ce droit à l’erreur visant la majoration de 5 % à la suite d’un contrôle Urssaf ne s’appliquera pas si le montant du redressement est au moins égal au plafond annuel de la Sécurité Sociale.
Contrôle Urssaf : suppression des remises automatiques
En parallèle de la mise en place de ce droit à l’erreur à compter du 1er janvier 2020, le dispositif de remise automatique de certaines majorations et pénalités est supprimé.
Sont visées :
- la majoration due pour non-respect des dates limites de paiement des cotisations ;
- la pénalité due pour défaut de production de la déclaration sociale nominative dans le délai prescrit ;
- les pénalités dues en cas d’erreurs dans les rémunérations déclarées et pour les autres types d’omissions ou d’inexactitudes de données dans la déclaration sociale nominative ;
- la pénalité due pour non-respect de l’obligation de déclaration ou de paiement des cotisations par un moyen dématérialisé.
Contrôle Urssaf : le point sur les remises gracieuses
A compter du 1er janvier 2020, il sera possible de faire une demande de remise gracieuse des majorations et pénalités suivantes :
- majoration pour non-respect de l’obligation de déclaration et de paiement des cotisations par voie dématérialisée ;
- pénalité due en cas de défaut de production de la DSN aux échéances prescrites ;
- pénalité due en cas d’inexactitude des rémunérations déclarées ou d’omission de salariés ;
- majorations de retard (principale et complémentaire) dues lorsque les cotisations et contributions n’ont pas été versées aux dates limites d’exigibilité ;
- majoration de retard en cas de déclaration régularisatrice postérieure à une taxation provisionnelle ;
- pénalité pour non-respect des normes DSN ;
- majorations applicables dans le cadre de la déclaration et du paiement de la contribution sociale de solidarité (C3S) ;
- pénalité due en cas de défaut de déclaration sociale des indépendants (DSI) aux échéances prescrites ;
- majoration de retard due en cas de DSI régularisatrice postérieure à une taxation forfaitaire provisoire.
Mais ne pourront pas faire l’objet d’une remise gracieuse :
- la pénalité applicable en cas d’abus de droit ;
- la majoration prévue en cas d’absence de mise en conformité à des observations émises lors d’un précédent contrôle ;
- la majoration prévue en cas de constat de travail dissimulé ;
- la pénalité pour obstacle à contrôle.
Notez, pour rappel, que la majoration complémentaire de 0,2 % pour paiement tardif des cotisations ne pourra faire l’objet d’une remise que si les cotisations ont été payées dans le délai de 30 jours qui suit la date limite d’exigibilité ou à titre exceptionnel, en cas d’événements exceptionnels ou en cas de force majeure (évènement présentant un caractère imprévu, irrésistible et extérieur).
La demande de remise gracieuse ne sera recevable qu’après le règlement de la totalité des cotisations et contributions ayant donné lieu à l’application des majorations ou lorsque le cotisant aura souscrit un plan d’apurement avec l’organisme de recouvrement dont il relève.
Contrôle Urssaf : un point sur la procédure
La réglementation du contrôle Urssaf fait l’objet des aménagements suivants, à partir du 1er janvier 2020 :
- un contrôleur pourra emmener les documents nécessaires à l’exercice du contrôle et qui sont mis à sa disposition, sous réserve que vous lui en donniez l’autorisation (en l’absence d’une telle autorisation, seules des copies des documents remis pourront être examinées en dehors de vos locaux) ;
- pour les contrôles engagés à compter du 1er janvier 2020, les observations adressées par l’URSSAF à la personne contrôlée (employeur ou travailleur indépendant) devront être faites au regard des éléments déclarés à la date d’envoi de l’avis de contrôle ;
- le délai de 30 jours pour répondre à une lettre d’observations pourra être, à votre demande, portée à 60 jours, sous réserve de faire cette demande avant l’expiration du délai initial de 30 jours (cette prolongation de délai n’est pas possible en cas de procédure d’abus de droit diligentée contre le cotisant ou bien en cas de constat des infractions de travail dissimulé, de marchandage, de prêt illicite de main-d’œuvre ou d’emploi d’étrangers non autorisés à travailler) ;
- si une pratique qui a cours dans l’entreprise a donné lieu à des observations au cours d’un précédent contrôle et que l’entreprise n’en a pas tenu compte, l’agent de contrôle établit un constat d’absence de mise en conformité, qui n’a désormais plus à être contresigné par le directeur de l’Urssaf ;
- enfin, toujours en cas d’absence de mise en conformité, l’entreprise encourt une majoration de 10 % si les observations effectuées à l’occasion du précédent contrôle ont été notifiées moins de 6 ans (et non plus moins de 5 ans) avant la date de notification des nouvelles observations constatant le manquement aux mêmes obligations.
Source : Décret n° 2019-1050 du 11 octobre 2019 relatif à la prise en compte du droit à l’erreur par les organismes chargés du recouvrement des cotisations de sécurité sociale
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